01/02/2009
Lé franssé parle tot franssé…
Objet de ce courroux dominical, la citation suivante : « Nous avons évoqué jeudi dernier un article paru dans Le Nouvel Observateur et attaquant Pierre Perret à l'occasion de la publication d'un recueil de souvenires intitulé A Cappella ».
(http://fr.news.yahoo.com/51/20090201/ten-pierre-perret-va-attaquer-le-nouvel-0111c6b.html)
Au risque de passer pour un vieux réac bougon (qualification dont je me contrefiche, car je ne suis pas vieux, na ! Réac à la rigueur, car la réaction c’est la vie ; et bougon parfois, je le confesse), je reste stupéfait à la lecture de certains articles truffés de fautes d’orthographes, aussi nombreuses qu’évidentes me semble t’il. Des articles pourtant rédigés par de sémillants journalistes, issus des meilleures écoles de la profession.
Passe encore que, dans la fièvre de l’écriture ou le stress du papier à rendre, le plumitif de service en oublie les accords, abandonne la syntaxe et néglige les conjugaisons. Mais tout de même, on peut se relire, nom d'une pipe ! A moins de vivre à l’ancienne, en écrivant à la lueur chaude et vacillante d’une bougie, il est de coutume dans ce 21ème siècle d’utiliser un ordinateur et son traitement de texte. Ce dernier offrant sans supplément un correcteur orthographique, le scribouillard doit pouvoir éviter de commettre le genre de faute reproduite ci-dessus (correcteurs certes pas sans failles, il faut en convenir).
Cet effort semble pourtant largement au dessus des capacités de nos folliculaires du net. Pour avoir effectué un simple copier-coller du susdit texte sur mon logiciel préféré histoire d’en avoir le cœur net, ce dernier n’a pas mis longtemps à me signaler, force soulignage carmin, que je commettait un péché quasi mortel contre la langue de Molière (ou de Racine, puisqu’il y a débat semble t’il sur le véritable auteur de ces pièces de théâtre qui auront jalonné ma scolarité).
L’échotier en question se croyait-il plus compétent en linguistique que son outil informatique, et aura de fait, négligé l’avertissement ? Aurait-il rédigé sa chronique sur un papyrus avec une plume d’oie (délicieusement archaïque et artisanal comme méthode, n’est-il pas) ? Je me perdrai en conjectures, si…
…si, d’accablement, force est de constater que ce métier est profondément gangrené par des pisse-copies qui n’ont rien à faire de la syntaxe, de la grammaire et du style. Comme il n’y plus personne pour relire les écrits de ces bobardiers (sauf les inspecteurs de la HALDE bien sûr, histoire de débusquer l’allusion, l’insinuation ou le sous-entendu non politiquement correct. « Sieg Halde ! »), et que de toute façon l’époque est au « je m’en foutisme » institutionnalisé, les attentats contre notre belle langue ne sont pas prêts de disparaître.
Je me rappelle d’une époque pas si lointaine où l’on pouvait s’amuser, et longtemps encore, à chercher la faute, la bavure, l’entorse ou la coquille dans les pages de nos journaux et livres. Pauvres éditeurs qui se confondaient alors en plates excuses, quand un lecteur les avisait de la méprise. De nos jours ce genre de sport est inutile, vu la généralisation de cette transgression grammaticale. L’heure est au parler SMS, à l’ignorance de l’imparfait du subjonctif, au pogrom du passé simple et au massacre syntaxique.
Le nivellement par le bas est une constante dans notre société. Ceci est valable pour notre langue, et je dirais même, ce nivellement se fait par notre langue. L’asservissement intellectuel et physique passe par l’abrutissement des masses. La « novlangue » est l’arme des dictatures molles cherchant à abrutir les individus, pour mieux contrôler leurs faits et gestes. 70 millions d’idiots congénitaux dopés à Endemol et au « réchauffement climatique », feront de parfaits électeurs n’ayant ni capacité à la réflexion, ni entendement à la compréhension du monde dans lequel ils vivent. On pourra leur présenter des candidat-pantins formatés par des instituts marketing, éructant des « Oui, nous le pouvons » aussi vides de sens que de contenu, qu’ils auront toujours l’impression de vivre en démocratie. Pauvres gogos, pauvres robots prêts à se faire greffer une puce RFID dans la peau. Ce n’est pas de la science fiction, c’est notre triste quotidien.
Notre société fabrique des générations d’analphabètes, d’illettrés profonds et d’incultes suprêmes. Les Hussards noirs de la république sont aux oubliettes de l’Histoire. Si leur anti-cléricalisme forcené et une persécution systématique envers les langues régionales au profit du français furent une marque de fabrique très contestable, force est de reconnaître qu’ils ont formé des générations d’ouvriers et de paysans capable d’écrire des lettres dont le style pourrait en remontrer à certains Goncourt récents. Lisez donc ces poignantes lettres de poilus à leur famille. Outre le style, ces hommes de toute condition savaient faire passer leurs sentiments, leurs angoisses, leurs émotions, la peur et l’espoir, dans des phrases qui attestaient d’une bonne connaissance de notre langue. Je serais curieux du résultat aujourd’hui.
Mais ne jetons pas la pierre à ce pauvre gratte-papier objet de mon courroux du jour. L’anarchie étant de mise dans la production d’écrits, on retrouve les mêmes horreurs dans bien des domaines. Communiquant souvent par courriel avec des gugusses ayant rang de Directeur dans mon activité professionnelle (bah oui, c’est pas ce blog qui me fait vivre ! Sponsors bienvenus !), je constate les mêmes abjections. Le temps des secrétaires avait du bon.
Longtemps, le français fut la langue de la diplomatie. Outre sa prédominance au XVIIIème siècle dans les cours et les milieux intellectuels, c’est en grande partie grâce à sa richesse syntaxique, à la variété des mots ou expressions pour exprimer des idées assez voisines, que notre langue obtint ce statut. Cette diversité et ce raffinement que d’autres langues ne possédaient pas, autorisaient en effet toutes les subtilités langagières qui sont propre aux documents diplomatiques.
L’acculturation collective est en marche. Tous les niveaux de la société française sont touchés. Il n’y a qu’à écouter comment s’exprime « not’ bon pwésident » pour comprendre que l’exemple vient de haut.
Voila cé fini, gesper ke vou avé fé une bone lecture (*).
(*) La traduction de cet article en langage SMS pour les rappeurs à casquette n’est pas disponible et ne le sera jamais. Résistance !
20:41 Publié dans Tout fout l'camp, ma pov'dame | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sms, fautes, français
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