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13/02/2009

Un journaliste au pilori

Art 14 - Kouchner & Péan.JPG

« Tout au long de ce livre, fait d'amalgames et d'insinuations ; d'allusions insidieuses, si je puis me permettre, il y a des mots. Il y a un certain nombre de passages et d’expressions très précises qui ne sont pas là par hasard, et qui m’accusent de personnifier la contre idée de la France, c'est-à-dire l’anti-France, le cosmopolitisme. L’accusation de cosmopolitisme en des temps difficiles messieurs et mesdames les députés, ça ne vous rappelle rien (murmures dans l’assistance) ? Moi si. »

Bernard Kouchner (Assemblée nationale - questions au gouvernement – 4 février 2009)

 

Clap, clap, clap, « French Doctor ». Chapeau bas. Un tour de passe-passe bien ajusté et voilà détournées, évaporées et escamotées, les accusations de ce « nigaud » de Péan, que voilà fort marri (voir un peu plus, en considérant sa réaction dans « Arrêt sur image », qui le recevait dernièrement).

 

Usée, éculée, la contre-attaque du Consultant en culture rizicole fut pourtant mortellement efficace.

 

Le scud utilisée par le Gourou du Droit d’Ingérence ? Se dire victime de l’anti-sémitisme. Ah, la vache ! Ca ne pardonne pas.

 

Il aurait du quand même se méfier le Péan. Quand on s’attaque aux seigneurs de la République, aux indéboulonnables du régime, il y a des choses à ne pas faire, à ne pas dire, et encore moins à écrire.

Traiter un baron du système de « cosmopolite », c’est de nos jours s’assurer un avenir des plus pénibles. Là on ne rigole plus du tout, voyez vous.

Chauvin, nationaliste, patriote, ça on peut encore l’utiliser : pour dénigrer et faire passer son adversaire pour nazillon, pardi. C’est même très chaudement recommandé.

Mais cosmopolite, non. Pas bien du tout, ça. Très vilain. Surtout quand on a des penchants pro arabes, ce qui devrait déjà mettre la puce à l’oreille.

 

Ce gros naïf de Pierrot le Penaud pensait faire trembler un cacique du système. Raté, mon bon Pierrot. La bombe à retardement t’a sauté à la gueule. Le terrain était miné et te voilà les deux pieds dedans. Faudra sûrement pas compter sur les amis qu’il te restait pour le tirer de là.

Comment ne t’es-tu pas rendu compte qu’en écrivant « cosmopolitisme anglo-saxon », seul le mot cosmopolitisme serait retenu.

 

S’attaquer à un Giscard (affaire des diamants), à un Mitterrand (« Une jeunesse française. François Mitterrand. 1934-1947 »), à ELF (« V », pour les avions renifleurs entre autres), ou à un Foccart, n’est pas de tout repos et l’entreprise peut mériter d’être saluée (indépendamment des idées politiques du dit journaliste).

Mais quand on prétend dénoncer les compromissions et les prises d’intérêt d’un ministre, on doit d’une part se montrer convainquant (ce qui ne semble pas être toujours le cas dans « Le monde selon K », mais ceci est un autre débat), et d’autre part choisir soigneusement son vocabulaire. La cible en question est quand même sacrement vicelarde. Passer du « droit de l’hommisme », du socialisme et de la gauche caviar au Sarkozisme libéral est signe d’une habilité certaine. D’autres s’y cassent encore les dents, et ne savent plus quoi faire pour rejoindre la Malmaison (pardon, l’Elysée). Hein, Jack !

Le seul débat qui aurait mérité d’être abordé, porte sur les prétendus accommodements financiers de Sire Kouchner. Malheureusement, nous n’y auront probablement pas droit.

La discussion se résumera à : Péan - Dieudonné - Le Pen - Sevran, même combat.

 

Un journaliste est passé du côté obscur.

 

Vu l’expérience du Don Quichotte sur les affaires sensibles qu’il a pu traiter, on se doute que le petit opus à charge contre le sémillant porteur de riz, à du être lu et relu par une escouade d’avocats. Raté, ils n’auront même pas vu la bombe à retardement, les ballots.

 

Verdict final, et sauf miracle : « ce livre est un tissu de mensonges, car écrit par un anti-sémite ». Fermez le ban.

 

Et allumez le bûcher.

 

Pour tout à fait honnête, la réponse du ministricule relève davantage de l’allusion. En effet, l’accusation d’anti-sémitisme n’est pas directement portée par notre Saint Bernard des Porteurs de Riz, mais c’est tout comme. Je cite :

« L’accusation de cosmopolitisme en des temps difficiles messieurs et mesdames les députés, ça ne vous rappelle rien ? » (sous entendu, la « période la plus sombre de notre histoire »).

 

Des fois qu’il n’aurait pas compris, d’autres ont expliqué à Péan quel monstre il était. Hein, m’sieur Schneidermann ! (« Arrêt sur image ») : « … que vous dire, je ne suis pas dans le secret de votre âme, mais s’agissant d’un écrivain, d’un enquêteur chevronné, y’à des imprudences de plume qui laissent un peu sans voix ».

 

Le coup de grâce, un modèle de perfidie et de fourberie assassine. Merci confrère.

 

Est-ce pour autant une fin de carrière pour notre Gaston Lagaffe des scandales et des affaires d’état ? Evidement, non. Mais la pente à remonter sera raide. Son passé comportant quelques zones obscures, cette dernière charge ne va pas le rendre beaucoup plus fréquentable (« personnellement, j’ai déjà brûlé tous ses livres en ma possession, m’sieur l’inspecteur des renseignements Généreux ». Ndr).

Notre écervelé était déjà dans le collimateur de SOS Racisme pour son livre « Noires fureurs, blancs menteurs. Rwanda, 1990-1994 » (accusé, mais débouté de « diffamation raciale et incitation à la discrimination raciale »). A cette occasion, il s’était vu comparé à l'écrivain négationniste Robert Faurisson par un étudiant juif (il y a donc des précédents ! Décidément…).

Notre Pierrot va devoir ramer sévèrement, montrer patte blanche (façon de parler), et donner des gages de bonnes mœurs républicaine pour retrouver une virginité citoyenne.

 

Bon courage l’ami. La prochaine fois que tu voudras déboulonner une statue, il faudra montrer un peu plus de rigueur, et éviter de tomber dans des pièges grossiers. Faudra peut-être aussi trouver un nouvel éditeur.

 

 

Explication de texte

 

Pour ceusses qui douteraient de la signification infâmante du mot « cosmopolite », je rappelle les définitions qui y sont habituellement attachées :

  • « Personne qui, refusant les limites d'une nation, se déclare citoyen du monde »
  • « Personne qui voyage à travers le monde sans se fixer, par goût ou par nécessité (politique ou professionnelle) »

            (Source : Centre National de ressources Textuelles et Lexicales. Emanation  du CNRS)

 

C’est donc bigrement violent et attentatoire comme qualificatif, pensais-je sous l’émotion de cette Révélation. J’en ai l’estomac tout retourné.

 

Par contre, la suite de la définition me trouble et perturbe mon entendement. L’antonyme attaché à « cosmopolite » est en effet « nationaliste ». Ah ? Tiens ? Mais alors…

 

Mettons donc les choses à plat et pensons clair : si traiter son prochain de cosmopolite est injurieux et offensant, le traiter de  nationaliste serait donc par opposition, un sacré compliment.

 

J’en suis tout chamboulé.

 

Compte tenu de cette brillante démonstration, je signale à tout hasard aux Veilleurs de la « Bien Pensance », aux fins limiers de la Halde, aux inspecteurs du « Politiquement correct » qu’il y a un fichu nettoyage à faire sur le sujet en question.

Rendez-vous compte, rien qu’en tapant « cosmopolite » sur Google, on obtient les références suivantes :

  • « C'est ainsi que les jésuites sont cosmopolites : ils s'habituent aux coutumes ... L'Empire ottoman était un espace cosmopolite où coexistaient …  
  • « News : Cette année le Festival Cosmopolite se déroulera à Cormery (37) www.myspace.com/festivalcosmopolite » (festival de fâchistes, alors ?)
  • « Altermusica la radio cosmopolite. Découvrez les nouveautés et les incontournables en musiques du monde, reggae, soul, folk, jazz, funk, afrobeat, electro, ... » (la world music, que des fachos aussi ?)

L’hydre infâme serait-elle tapie là où on la soupçonnerait le moins. J’en frémis. Dois-je donc jeter mes disques de Johnny Clegg et de Manu Chao, brûler mes œuvres complètes de BHL ? Dois-je maintenant me précipiter sur les CD de Jean Pax Mefret, et lire du Maurras ?

 

Eclairez-moi.

 

 

Erratum urgent

 

Un ami libéral, progressiste et opposé au réchauffement climatique (on a tous un ami comme ça, n’est-il pas ?), me fait savoir que mon raccourci précédent est un peu trop audacieux et pourrait troubler des esprits faibles.

Il paraîtrait finalement que nationaliste, ça le fait pas non plus ! Enfin, plus depuis 1945.

Par contre, en Corse, au Zimbabwe, en Georgie ou en Israël, c’est plutôt toujours bien vu.

 

Comprend décidément plus rien, moi…