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27/10/2009

Vieux motard que jamais

Bienvenue au Jobard Team

 

Le français sera une langue morte sous peu. Faute de combattants sur une planète excessivement peuplée par des non gaulois, et faute de vouloir défendre cet héritage. L’exemple Elyséen nous délivrant régulièrement un sabir d’une pauvreté syntaxique et d’une vulgarité de vendeur de kebab, en est une illustration criante. Probable volonté de se rendre compréhensible par les encapuchonnés qui font la France d’aujourd’hui et de demain.

 

Sempiternelle trahison des soi disantes élites. Le poisson pourri toujours par la tête.

 

Dernière vilenie en date relevée par Soudarded: Aéroports de Paris vient de remplacer les sigles traditionnels à trois caractères, utilisés pour la gestion des vols aux arrivées et aux départs. Ainsi, «HAB» pour « Heure d’Arrivée Bloc » devient «AIBT», pour « Actual In-Block Time ». On pourra toujours chinoiser en signalant l’omnipotence des initiales dans cette communication, mais au moins, elles faisaient référence à une terminologie dans une langue bien « d’cheu nous ». Les nomades anglo-saxons, si chers à Jacques Attali (propagandiste zélé et forcené de l’Homo-nomadus), qui empruntent nos terminaux devraient donc chanter des louanges à ces français, nouveaux valets de l’Empire de la Finance, et les remercier de sacrifier une langue si rétrograde sur l’autel de la Globalisation. Le « Global village » de Marshall McLuhan est en ordre de marche (cf. « The Medium is the Massage » - 1967)

 

Ce lent génocide linguistique est donc illustré par un article assez ancien de « Moto Revue », mais toujours actualité si l’on songe aux dernières informations quant à la lente mais très certaine disparition du français au sein des institutions européennes. L’éditorial de l’hebdomadaire du 11 juin 2009 d’un journal peu suspect d’être le repaire d’académiciens ou de goncourables en puissance vu les sujets abordés, annonce en effet la disparition par escamotage discret, de la traduction des articles du journal officiel de la FIM (Fédération Internationale de Motocyclisme). Le magazine « Ride with us » a en effet banni le français sous couvert d’économie (remarquez, vu le titre…). La France, combien de lecteurs ?

 

La FIM est tout de même une institution dont l’histoire ne saurait être dissociée de notre pays et donc de notre langue. Institution centenaire, n’est-elle pas née un 21 décembre 1904 dans les salons du très parisien restaurant Ledoyen ? N’est-elle pas également officiellement reconnue comme fédération par le CIO, dont la langue officielle reste en théorie le français ? Cet héritage ne suffit donc plus pour sauvegarder notre langue dans les colonnes de cette publication. C’est autant d’arbres sauvés en ces temps d’hystérie écologiste, après tout.

 

Ma vraie surprise (une « divine surprise », même) est dans cet éditorial de Moto Revue qui présente un ton très « souverainiste », pour ne pas dire nationaliste (oulà !). On s’y insurge en effet contre ceux qui pensent que lutter pour la défense de la langue française est un « combat d’arrière garde » et que tout cela « participe au sens de l’histoire ». Diantre !

Je cite :

-          « Car l’histoire tient sa légitimité dans la force de son enracinement. Elle est un garde fou indispensable, l’encyclopédie nous permettant de tirer du passé les enseignements capables de solidifier le socle de notre avenir. En l’espèce, conserver le français n’est pas une ambition folklorique, c’est perpétuer le timbre de voix présent dès l’origine de cette institution ».

 

L’éditorialiste Thierry Traccan, emporté dans un élan très « vieille France », n’hésite pas non plus à citer Charles Quint : « la langue française est la langue d’état, la seule propre aux grandes affaires ». Bigre, la lecture d’une telle prose dans un hebdomadaire à grand tirage, est des plus réjouissant et me ferait presque espérer que tout n’est pas complètement perdu. Il existerait donc encore des âmes bien faites, ne courbant pas l’échine face à l’invasion du dialecte godon ? Le pays réel serait-il en pointe de la reconquête ? Maurras chez les Hells Angels en somme.

 

Je vois alors dans un doux rêve, des rebelles casqués, fleurs de lys et sacré cœur cousus sur un cuir élimé couvrant des tatouages de Louis XVI et de Charrette, accoudés au comptoir de leur troquet favori, à raconter la dernière arsouille à la Bastoche. Les Triumph Rocket III et Ducati Monster béquillées sur le trottoir d’en face, attendent leur partenaire pour enrouler du câble et mettre la poignée dans le coin entre la rue Croix-des-petits-champs et la Mutualité (1). Je vois les membres du « Royal Sainte-Gamelle Club » défiler au prochain cortège de Jeanne d’Arc ! Je vois un vainqueur de Grands Prix, fier et ému aux larmes sur son podium, vibrer au son du « Vive Henri IV »… Je vois…je vois… une aspirine. J’ai fait une surchauffe. Le serrage n’était vraiment pas loin, j’ai failli couler une bielle sur ce coup là, moi.

 

Bon, reprenons. Nous sommes toujours en République bananière et la Marseillaise fait toujours mugir ces féroces soldats qui viennent jusque dans nos bras, égorger nos fils et nos compagnes. Salauds.

 

Jacques Bolle donc, président de la Fédération Française de Moto et ancien essoreur de poignée en Grands Prix, semble également vouloir ne pas laisser les choses en l’état. De quoi espérer un renversement de tendance ? Pas sûr.

 

Par contre, pas de nouvelles de Christian Estrosi, qui avant ses fonctions de député-maire de Nice, de président du conseil général des Alpes-Maritimes, de conseiller politique de l'UMP et de ministre, a usé le fond de ses cuirs en Grands Prix moto entre 1972 et 1983. Pas brillant au point d’enfiler des titres de champion du monde comme un Valentino Rossi ou un Agostini, mais il aura néanmoins récolté moult maroquins et présidences diverses après avoir remisé son cuir (et ses idées ?). Il aura fait le freinage à pas mal de concurrents dans ces compétitions là. Soyons justes. Il a tout de même participé au brillant palmarès de la moto française de cette époque, en compagnie des Sarron, Fau, Guili, Saul, sans oublier les regrettés Pons, Rougerie et autres Léon, tragiquement disparus, et maintenant au Walhalla des motards.

Ne doutant donc pas que le sieur Estrosi ait été alerté de cette nouvelle forfaiture, mon petit doigt me dit que nous n’avons pourtant rien à espérer de ce côté-là. Une fois de plus.

 

Nos gouvernants ? Le jobard team, rien de plus (2).

  

(1) Référence « CRAFiste » !

 

(2) Référence à une célèbre bande dessinée motarde, le Joe Bar Team de Bar2, dont les héros sont Edouard Bracame, Jean Manchzeck, Jean Raoul Ducable, Guido Brasletti, Jérémie Lapurée ou Paul Posichon. Humour garanti à l’huile de ricin, en des temps bénis où s’affrontaient, « essoreurs de poignées de gaz en tout genre, acharnés du mégaphone et maniaques du cylindre à trous ».

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