20/11/2009
Grand-Marnier, ça sentait si bon l’enfance …
Grand-Marnier, ça sentait si bon l’enfance …
Le Groupe Marnier-Lapostolle, fabricant de la liqueur Grand-Marnier à base de cognac et d'orange, a annoncé jeudi qu'il fermerait à la fin 2012 son site historique de Neauphle-le-Château (Yvelines). Des questions de sécurité empêcheraient l'entreprise de continuer à fabriquer de l'alcool sur place, a indiqué la direction. La liqueur sera alors produite dans deux autres sites du groupe dans l'Eure et en Charente. (Leparisien.fr).
Je ne m’insurgerai pas ici contre les méfaits d’une mondialisation agressive puisque pour une fois, la production de cette liqueur continue en France. Non, Grand-Marnier pour moi, c’est juste un pan de mon enfance qui va s’évanouir avec l’arrêt de cette production, dans un village que j’ai tant aimé pendant les trente années de ma vie où j’y ai vécu. Rassurez-vous, je n’ai pas été perverti par des parents indignes, qui me faisaient ingurgiter force « Red Lion » ou de « Grand Cosmopolitan » dans ma tendre enfance. Mais maintenant éloigné de cette jolie commune, je n’ai jamais oublié les senteurs orangées qui émanaient de la distillerie lorsque je flânais dans les rues de cette ancienne cité, jadis résistante à un envahisseur anglais qui, ne pardonnant pas cette effronterie, en démantela ses remparts pour toujours.
Les petits neauphléens de demain n’auront plus le plaisir de sentir les douces effluves d’orange qui flottaient jusque dans la cour de l’école Emile Serre, où nous jouions alors. C’est un peu l’âme de ce village qui s’enfuit avec la disparition de Grand-Marnier. Je ne crois pas prendre de risque en imaginant que les locaux serviront bientôt à de nouvelles agences immobilières ou bancaires.
Oui, ce village bi-millénaire avait une âme, forgée entre autre par sa longue histoire. On pourra relire la saga des « Rois maudits » de Maurice Druon, dont une partie de l’intrigue se passe à proximité, à Neauphle-le-vieux très précisément. J’ai toujours aimé le côté provincial de Neauphle, malgré sa proximité d’avec Versailles la ville Royale ; j’aimais ce village avec ses fermes et ses cultures céréalières, ses commerçants aux boutiques parfois désuètes, comme la droguerie de la famille Mascret, où je faisait provision de maquettes pour m’occuper certains mercredi trop peu studieux ; j’aimais ce village ou se côtoyaient maisons bourgeoises et logis modestes, bâtisses anciennes et maisons à l’architecture parfois audacieuse, le tout sur la plus petite superficie communale et point culminant naturel d’île de France, où tout le monde se connaissait ou presque.
Côté ouest, la commune surplombe une plaine sillonnée par la RN12 qui permet de rejoindre la Normandie. Les habitations en surplomb de la plaine remplacent aujourd’hui les remparts de jadis. Visuellement, quand on vient de cette plaine et de Montfort l’Amaury, on ne peut qu’être impressionné par ce piton rocheux, qui barra naguère la progression des envahisseurs normands, puis anglais. Plus au sud, il existe cette frontière naturelle qu’est la forêt de Plaisir, où petit écolier je faisais d’instructives escapades avec maîtres et maîtresses de mon école, et bien plus tard de longues randonnées dominicales (instructives aussi, mais avec d’autres genre de maîtresses…passons). Sur un autre versant du village, de grands champs nous séparent de la tentaculaire ville de Plaisir, autre barrière naturelle renforçant le côté village gaulois de notre commune.
L’âme de Neauphle, c’était aussi son côté pipole avant l’heure. Certaines célébrités élurent domicile dans notre village, histoire de vivre en relative discrétion et se protéger des fureurs de Paris, tout en restant à moins d’une heure de la capitale. Marguerite Duras et ses très douteuses fréquentations logeait place Mancest ; Guillaume Depardieu y acheta, sans jamais l’habiter, un magnifique manoir avenue de la république, en surplomb de la vallée. C’est aujourd’hui un hôtel restaurant de bonne renommée ; Robert Lamoureux vivait également dans les parages et achetait ses voitures au garage Renault de la rue Saint-Martin ; on y croisait une chanteuse beurette, tellement oubliée que même son nom ne me revient pas, c’est dire ; enfin, l’acteur Rufus, que je retrouvais très régulièrement sur les quais de la gare de Plaisir.
Mais celui qui les dépassa tous en renommée, à l’exclusion de votre serviteur bien évidement, et qui rendit Neauphle-le-Château internationalement célèbre, est un vieux barbu Perse vouant une haine pathologique et tenace envers son souverain le Chat Shah d’Iran Mohammad Reza Shah Pahlavi. Ruhollah Al-Moussawi Al-Khomeiny est le quidam en question, vous l’aurez certainement reconnu. Notre village est donc en partie à l’origine du bouleversement géopolitique majeur des dernières décennies. Rendez-vous compte, fut un temps, la principale artère de Téhéran avait été baptisée « Avenue Neauphle-le-Château », en signe de reconnaissance de la république des Mollah, pour le confortable hébergement dont a bénéficié le perturbateur chiite. On aura heureusement échappé de peu au jumelage. Des années plus tard, tendre ma carte d’identité à n’importe quelque quidam de France ou de Navarre, provoquait toujours une foultitude de questions sur le sujet, la première d’entre elles étant de savoir si j’avais déjà vu le barbu en question. Bah oui, ma p’tite dame ; même que le mollah velu n’arrêtait pas de pourrir notre existence de collégien en provoquant régulièrement l’arrêt de notre bus scolaire, quand « Mossieur le guide spirituel » souhaitait traverser la rue pour rejoindre sa salle de prière. Inutile également de préciser que le taux de policiers au mètre carré était probablement le plus élevé de France et que les brigands et autres détrousseurs de grand chemin n’avaient pas trop intérêt à traîner dans les parages. L’hôte du diamantaire Elyséen méritait bien une telle attention. Il y eu quand même un grand bénéficiaire dans tout ce ramdam, un entrepreneur de la commune qui fit son beurre avec le gourou de Qom. Le paternel d’une copine de classe était le pourvoyeur officiel en volaille du représentant en tapis et en fatwa. Les volatiles de la région eurent à déplorer de lourdes pertes. Les exécutions de masse, déjà. Le charcutier local lui, était moins enthousiasmé par les habitudes culinaires musulmanes, et ne vit pas son chiffre d’affaire suivre une même courbe exponentielle. Quand à nous, petits neauphléens, bombant fièrement le torse devant nos petits camarades du collège de Montfort, nous avions définitivement enterré toute velléité de renommée de la part des autres bourgs de la région ! Non mais.
Quand le chieur chiite a définitivement quitté notre village, nous croyions alors retrouver notre tranquillité de petite bourgade francilienne. Las, ses adversaires en signe d’allégresse ou de dépit, firent sauter la salle de prière en pleine nuit. Un attentat à Neauphle ! Je vous jure que ça a alimenté les causeries dans la cour de récré, car nous n’étions pas vraiment habitué à ce genre de péripéties. Les pétards c’est le 14 juillet, point barre ! Z’auraient mieux fait de s’y prendre un peu plus tôt pour nous débarrasser définitivement du barbudos islamiste. Ca nous aurait peut-être évité les élucubrations des enturbannés de services et de kamikazes mahométans qui perturbent régulièrement les souks de Bagdad ou de Peshawar, quand ce n’est pas Londres ou Paris à la station Saint-Michel. Et que serait alors notre monde sans le 11 septembre ? Vertigineux quand on y songe, non ?
Autre anecdote sur le sujet, je me souviens qu’un après midi, je fus abordé par de sombres sbires mal rasés et vêtus de vieux costards froissés. Baissant la vitre fumée de leur limousine noire, ils demandèrent en anglais à l’adolescent que j’étais, de leur indiquer l’emplacement du pavillon du Guide Suprême (dans un anglais à la Peter Sellers, comme dans « The Party »). Môman m’ayant toujours dit de refuser de monter dans la voiture de quelqu'un que je ne connaissais pas, je me suis donc contenté de tendre le doigt et balbutier la direction à prendre. Si ça se trouve, Marmoud Armaninejad était parmi eux… J’en frémis encore.
Bref, plus de Khomeiny, plus de Duras, plus de Soudarded non plus, et maintenant plus de Grand-Marnier. Que reste t’il à Neauphe-le-Château ? Des banques, des agences immobilières, des banques, des agences immobilières, des banques, des agences immobilières… le fric, le fric, le fric…
Grand-Marnier, ça sentait si bon l’enfance.
23:36 Publié dans Tout fout l'camp, ma pov'dame | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grand-marnier, neauphle le château, khomeiny
Irlande, pardon…
Irlande, pardon…
« GOD SAVE IRELAND ! » (²cliquez sur le titre !)
High upon the gallows tree swung the noble-hearted three.
By the vengeful tyrant stricken in their bloom;
But they met him face to face, with the courage of their race,
And they went with souls undaunted to their doom.
"God save Ireland!" said the heroes;
"God save Ireland" said they all.
Whether on the scaffold high
Or the battlefield we die,
Oh, what matter when for Erin dear we fall !
Girt around with cruel foes, still their courage proudly rose,
For they thought of hearts that loved them far and near;
Of the millions true and brave o'er the ocean's swelling wave,
And the friends in holy Ireland ever dear.
"God save Ireland!" said the heroes;
"God save Ireland" said they all.
Whether on the scaffold high
Or the battlefield we die,
Oh, what matter when for Erin dear we fall !
Climbed they up the rugged stair, rang their voices out in prayer,
Then with England's fatal cord around them cast,
Close beside the gallows tree kissed like brothers lovingly,
True to home and faith and freedom to the last.
"God save Ireland!" said the heroes;
"God save Ireland" said they all.
Whether on the scaffold high
Or the battlefield we die,
Oh, what matter when for Erin dear we fall !
Never till the latest day shall the memory pass away,
Of the gallant lives thus given for our land;
But on the cause must go, amidst joy and weal and woe,
Till we make our Isle a nation free and grand.
"God save Ireland!" said the heroes;
"God save Ireland" said they all.
Whether on the scaffold high
Or the battlefield we die,
Oh, what matter when for Erin dear we fall !
18:36 Publié dans Tout fout l'camp, ma pov'dame | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : irlande, thierry henry, domenech
09/11/2009
Il y a 20 ans, professeur Müller…
Chaque soir, revenant de l'école,
Il passe par Alexander Platz.
Personne n'écoute ses paroles
Quand il s'engage Allée Karl Marx.
Derrière lui, le rideau de pierre,
Les miradors, les vopos armés,
Les tilleuls ne forment plus la frontière.
Y'a un mur à Berlin, Professeur Müller.
Il s'avance, dans le décor sinistre
De cette ville de prisonniers,
Et il se dit que si la Vierge existe
C'est elle seule qui pourra les aider.
"Chez nous, soyez Reine,
Nous sommes à vous."
Il y a vingt ans qu'on l'appelle camarade,
Mais il sait bien que ce n'est qu'un mot,
A l'image de toutes ces façades
Aux balcons vides, aux volets clos.
Dans sa chambre, il oublie ses misères,
Sur son violon au bois usé.
Le vieil homme s'évade par la prière,
La nuit s'achève loin des barbelés.
"Soyez la Madone
Qu'on prie à genoux."
Les tilleuls ne forment plus la frontière.
Y a un mur à Berlin, Professeur Müller.
Chaque soir, revenant de l'école,
Il passe par Alexander Platz.
Les tilleuls ne forment plus la frontière.
Il y a un mur à Berlin, Professeur Müller.
Jean-Pax Mefret (« Professeur Müller » - 1982 - Album « Faits divers »)
« Tout anticommuniste est un chien » (Sartre). Soudarded, malgré une félinité apparente, s'enorgueilli d'être un chien depuis ses 18 ans.
11:39 Publié dans Soudarded aurait aimé l’écrire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : berlin, mur